Maison de Poupée

Ne tremblez pas, mais je dois le dire: Audrey Tautou est anorexique ou presque. C'est ce qu'on découvre avec étonement lorsqu'elle rentre sur scène avec un pauvre jupon sans manches: on admire d'abord la ligne filante, l'irresistible courbe de ses hanches, mais quand on passe aux bras la magie est brisée. Et alors on comprend sa vitalité et ses mains trop grandes: elles sont les dons d'une folle.

On comprends alors aussi son role d'hirondelle dans Amélie, de fiancée pure, d'enfantine, de poupée en Maison de Poupée. Et le coeur du spectateur en est transporté. Cela a sans doute un role dans l'emotion que la pièce provoque, outre que les lumières, parfaites, encomiables, le décor mémorable et la bande sonore très, très appropriées. Musique contemporaine très bien choisie, on est meme effleuré par l'idé qu'Ibsen aie pu les suggerer lui-meme dans la pièce. Les décors sont classiques, adhérents au texte, et cela donne toujours.
Laura (Tautou) est hysterique au début, on s'ennuie un peu de la voir toujour si irréelle et avec une voi toujours acidulée, répeter les memes bétises sans convinction. Mais à la fin, on assiste au réveil du personnage, et au réveil de l'actrice aussi. Elle devienne maitre sur scène, maitre de ce moment de réveil psychologique, elle le reinterprète chaque fois de telle façon qu'on croirait que c'est elle meme, Audrey, qui crée la suite de la pièce, qui arrive à convaincre les personnages, avec sa propre interpretation en ce moment, que ce qu'elle fait est vrai, irrévocable, substantiel.

Une èpouse devenue hysterique par la connerie bougoise de son mari, que l'imprisonne et l'abrutti dans un assujettissement d'enfant, découvre d'un coup que le mari est un vile. C'est une épiphanie qui ébranle son systhème de croyances, pour lesquelles l'autre était protecteur et integrissime.
Il le decouvre petit, mechant, mesquine. Con.
Elle le regarde dans les yeux et se voie dégoutée, maltraitée, abusée. Elle le cloue dans la situation et le quitte immédiatement. La maison croule sur le mari, c'est à lui le vide qui était autrefoi dans l'ame de la petite.
C'est surprenant de voir comme c'est la femme, avec son intention, à rendre réel et possible son propre départ. Le mari le lui "interdit", mais seulement à quelques lignes de distance, il a laisse faire et se conforme à sa volonté. Rien d'argumentatif ne s'est passé entretemps, mais Ibsen laisse seulement le tamp pour faire briller devant le spectateur le pouvoir de l'intention d'une femme. Elle est ferme, trop ferme parfois - devant la supplique d'un mari-patron et la promesse de changer, je n'aurais pas resisté, personne peut-etre ne l'aurait fait. Le plus surprenant reste le spectacle d'un réveil, d'une prise de coscience, comme un foudre qui nous élance vers l'idée du monde et nous fait apercevoir l'horreur du temps passé sans reflechir, dans l'assujetissement brutal aux consuetudes, à la routines, aux soi-disants supérieurs.
Remarquable aussi que le dèpart de la famme écrase le mari: la vieille histoire du serf-patron: le patron n'est rien de plus que l'opinion du serf.

On ne saurait pas quelle partie de toute cette beauté est due à la pièce ou à l'interpretation: signe qu'il s'agit d'une très bonne production.

Theatre de la Madeleine, Paris, jusqu'au 22 mai, 20 Euros bien depensés.

If you want to hear the opposite opinion in English, please read out loud here:
http://www.ft.com/cms/s/2/d6035938-261f-11df-aff3-00144feabdc0.html

They are not wrong, there is no three-dimensional stuff. They are right. The first part is boring. But guys, I liked it. Hot.
Audrey is anorexic, she plays as an anorexic, but the good point is that also Nora is an anorexic character, so there is good chances that Audrey gets along well with the job, therefore, that the job is good.
It is also true that her dress is a bit too complicated, but frankly I do not give a shit

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